• [excentriques] . «Libération» part à la rencontre des personnalités hors normes. Aujourd’hui : Le chanteur Boy George, chantre de la libération homosexuelle. Robes longues et mèches platine, il s’est inventé un style «salope».

     

    Difficile d’entamer les travaux d’approche autour de Boy George sans au préalable s’attarder deux secondes sur le mot anglais «bitch», parce qu’il n’est pas un article, interview, écho mondain le concernant, qui ne brandisse ce mot. Qu’est-ce qu’une bitch ? Littéralement, une salope. Un substantif, usé jusqu’à la corde par une écrasante majorité de rappeurs américains subtils, pour désigner les femmes en général. En Grande-Bretagne, en «vrai» anglais, une bitch c’est bien plus intéressant et délicat. Une bitch, c’est une garce, une vipère passée maîtresse dans l’art de la vacherie létale. Une insulte homophobe, aussi, que se sont réappropriée les insultés pour faire échec à la bêtise de l’ennemi. Fier d’être une bitch, comme le proclamait Sir Elton John, qui intitula un de ses albums The Bitch Is Back. Mais dans cette catégorie très particulière, où il faut bien le reconnaître, les Britanniques excellent, Boy George est jusqu’à nouvel ordre l’indétrônable queen, la reine des abeilles des langues de pute. Boy George ne fait pas de quartier. George Michael, l’une de ses principales victimes, a mis vingt-cinq ans à se remettre des attaques foudroyantes dont il fut l’objet au début des années 80, alors qu’il était encore le chanteur de Wham qui nous rendait dingue avec son Wake Me Up Before You Go Go, et affolait filles et garçons avec ses chorés en short de satin jaune moulant.

    Toujours d’attaque

    Pourtant, malgré ces signaux forts, George Michael se refusait énergiquement à sortir du placard. D’où la fureur de Boy George, déjà très en forme : «C’est un peu facile de faire de moi une sorte de folle déposée, pendant que George Michael joue les étalons hétéros, quand tout le monde sait qu’il en est encore à draguer dans les pissotières comme une pauvre tapette d’avant-guerre. La discrétion est une chose, mais prétendre être le contraire de ce que l’on est, c’est insupportable.» Ruppert Everett, Madonna, même Sir Elton John ont subi les tacles du Boy. Sur le duo Elton John-Eminem, Boy George se limitera à une seule question :«Et pourquoi pas un duo avec Pol Pot, tant qu’on y est ?» Toujours une vanne sur le feu, y compris sur la toute récente Coupe du monde de football qui, selon lui, a exclu les plus pauvres dans un pays, l’Afrique du Sud, qui entretient de bonnes relations avec d’autres Etats africains, où l’homosexualité est toujours considérée comme un crime. Ça fait du bien d’entendre que Boy George a toujours la pêche, lui qui a traversé tant d’enfers et de paradis, au point de le donner pour foutu, fini, lessivé. Mais non. Toujours d’attaque. Depuis près de trente ans. Depuis le tout début de ces années 80, exultantes de créativité tous azimuts. Design, archi, mode, musique, peinture, toutes les cartes sont redistribuées, ça vibre de partout.

    A Paris, tout passe par un lieu, le Palace. A Londres, c’est le Blitz, escale obligatoire des pirates avec bandeau sur l’œil et mouche libertine au coin des lèvres, qui capitulent trois mois plus tard devant la déferlante tout en dentelles et colliers de perles des néoromantiques, inspirée des petits marquis du XVIIIe siècle, canailles au teint poudré. Les figures historiques du punk ont néanmoins survécu et parmi eux, Malcolm McLaren, imposant le royal punk des Sex Pistols. Toujours à l’affût de nouvelles têtes, McLaren ne met pas longtemps à repérer George O’Dowd, un jeune Irlandais de 20 ans qui fait le vestiaire au Blitz. Né à Londres le 14 juin 1961, George O’Dowd a grandi dans une famille catholique pauvre de six enfants, élevés par une mère à qui il voue toujours une indéfectible affection. Le déclencheur de ses ambitions artistiques, c’est David Bowie, élevant, dans les années 70, l’androgynie au sommet du rock’n’roll. Est-ce une fille ou un garçon ? C’est toute la question qui travaille Boy George. Encouragé par ce modèle flamboyant, il s’invente un style, mélange les genres et célèbre ce délicieux trouble. McLaren lui propose de rejoindre sa nouvelle écurie, les très oubliables Bow Wow Wow.

    L’expérience est brève - George est déjà une bonne tête de lard - mais suffisamment enrichissante pour lui donner envie de fonder son propre groupe avec Jon Moss, le batteur des Damned et de Adam and the Ants, qui est aussi son fiancé officiel. Après avoir longuement débattu sur le nom du groupe, à grand renfort de cigarettes rigolotes, ils écartent successivement Honneur aux blaireaux, Je suis né dans un sex gang, pour retenir finalement Culture Club. Mieux qu’un nom, un concept génial qui souligne le métissage d’un groupe avec pour chanteur un catholique irlandais travesti, un bassiste anglo-jamaïcain, un batteur juif homosexuel, et un Anglais pur jus. Soyons honnêtes, et les vétérans de 1982 le confirmeront, on est couché par la tempête de Do You Really Want to Hurt Me ? pop song entêtante aux rythmiques reggae, mélancolique et sucrée, premier single du premier album de Culture Club. Quant au chanteur… Même ceux qui ont vu les Rita Mitsouko entièrement vêtus de sacs plastiques Felix Potin, un an plus tôt dans les rues de Paris, sont sidérés par cet ovni. Des dreadlocks de rasta, un couvre-chef de chapelier fou porté très en arrière, pour laisser échapper des mèches platine, des robes longues, des vestes à paddings, des étoiles de David en sautoir, des croix celtiques… Sans parler de cet art du maquillage : un trait d’or nacré sur la paupière, une ligne de sourcils à faire frémir de jalousie la Dietrich, et énormément de rouge à lèvres.

    Un thé plutôt qu’une partie de jambes en l’air

    Les beaufs ne se privent pas de ricaner.

    Mais le plus fort de tout, c’est que George O’Dowd, ayant entre-temps opté pour Boy George comme nom de scène, pour bien savoir qu’il est un garçon, a une voix. Une amplitude qui se promène à l’aise entre le castrat et le crooner soul. Plutôt stupéfiant. Pour ceux qui en douteraient, on recommande l’écoute de la ballade The Crying Game, BO chair de poule du film éponyme de Neil Jordan, sorti en 1992.

    Mais la voix de Boy George porte encore plus loin et plus fort, parce qu’elle est aussi la traduction musicale d’un mouvement de fond considérable dans les sociétés occidentales au début des années 80 : la libération homosexuelle.

    Les chansons de Boy George ou celles du Smalltown Boy Jimmy Somerville portent ces revendications, en même temps qu’elles deviennent des tubes. Du jamais vu. En quelques mois à peine, Culture Club est numéro 1 dans une douzaine de pays, y compris aux Etats-Unis, où on n’avait jamais vu une telle prouesse de la part d’un groupe anglais depuis les Beatles.

    Karma Chameleon, Church of The Poison Mind, It’s a Miracle : en 1985, les ventes de Culture Club se comptent par millions. Boy George est une superstar et déjà une super bitch à la langue bien pendue, militant autoproclamé de la cause gay, même s’il avoue préférer une bonne tasse de thé, («a nice cup of tea») à une partie de jambes en l’air. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il a désormais remplacé les pétards par l’héroïne. Et qu’il s’accroche. Son inspiration prend une claque; le troisième album se vend moins bien. Le premier coup de bambou n’est pas loin.

    Le trou noir

    En août 1986, Michael Rudetski, son pianiste, meurt d’overdose dans l’appartement londonien du chanteur. Embourbé dans la drogue dure, Boy George décide de continuer en solo. Avec des résultats mitigés. Il reprend du poil de la bête en 1988, quand le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher adopte la Clause 28, une loi qui interdit toute propagande de l’homosexualité auprès des jeunes. Une catastrophe pour les associations de lutte contre le sida qui se démènent sur le terrain et justement auprès des jeunes, à l’heure où les trithérapies n’existent pas. Boy George sort de ses gonds et enregistre No Clause 28, où il renvoie Maggie à son homophobie primaire et à son Fascist Groove. La Clause 28 sera abolie par Tony Blair en 2003.

    Après un album étrange, Cheapness and Beauty, aux tonalités glamrock, en 1995, Boy George tombe dans un trou noir. Il redonne de ses nouvelles avec l’écriture d’une première autobiographie à 34 ans, au titre intéressant, Sois un peu un homme ! et à travers une chronique hebdomadaire dans le Sunday Express, qu’il tiendra pendant trois ans, où il déclare régulièrement sa flamme à la queen mother, et raconte sa vie. Autant d’occasions de placer un bon mot, et une de ses vannes hilarantes dont il a le secret.

    Il gagne sa vie comme DJ, boit comme un trou et sniffe un maximum de cocaïne. Jusqu’à en devenir complètement paranoïaque, effet secondaire bien connu de la colombienne. Elle le catapulte dans des états où le tragique le dispute au grotesque. Ainsi en 2005 à New York. Persuadé qu’un cambrioleur s’est introduit dans son appartement en pleine nuit, il appelle la police qui débarque aussi sec pour trouver un Boy George atomisé de coke, dont il reste un joli paquet sur la table basse du salon, mais aucun cambrioleur en vue. Peu connue pour son sens de l’humour, la police new-yorkaise l’arrête et le traîne devant la justice pour fausse déclaration et possession de stupéfiants. Bilan : cinq jours de travaux d’intérêt général en tenue d’éboueur, à ramasser les détritus dans les rues de New York, et à essuyer les quolibets des passants.

    De retour à Londres, il se dit regonflé à bloc et décidé à décrocher. Dans une interview au quotidien The Guardian, il déclare toute son admiration pour Desmond Tutu et Greenpeace : «J’aurais adoré être un de ces hommes qui aident l’humanité mais j’ai trop de boulot avec mes sourcils.» Pour fêter sa résurrection, il se fait tatouer une étoile de David géante sur son crâne désormais chauve, et une sorte de homard. L’accalmie est de courte durée.

    Amant menotté

    En juillet 2007, il invite un de ses ex-amants chez lui pour une séance de photos. A peine arrivé, l’escort-boy qui affirme ne pas l’être, est menotté, enchaîné et suspendu à un crochet au plafond, avant d’être menacé par Boy George de lui faire subir l’inventaire de sa boîte à cochonneries. Frappé à coups de chaînes, l’homme parvient à s’enfuir en caleçon, hurlant à l’aide. Cette fois, c’est trop. Boy George est condamné début 2009 à purger quinze mois ferme dans une prison anglaise. Il s’attend au pire, il n’a pourtant rien à craindre. Avec le temps, ses excentricités ont fait de lui un homme très populaire et il dispose d’un capital sympathie non négligeable. Les taulards l’accueillent avec les honneurs, en entonnant Karma Chameleon. Il en ressort cinq mois plus tard pour bonne conduite, souriant, aminci. Beau, tout simplement.

    Ressuscité une fois de plus. Mais dans une autre peau. Celle d’un homme qui a rompu avec ses addictions diverses, à l’exception du tabac, qui présente ses excuses, «désolé, j’étais une salope», se réconcilie avec George Michael, et remercie Elton John de lui avoir écrit en prison. Apaisé mais pas anesthésié pour autant. Son nouveau single, Amazing Grace, est sorti au début du mois, sa ligne de vêtements, B-Rude, marche correctement, et il s’est trouvé une vraie nouvelle amie qui lui a même proposé du boulot. Son double féminin, sa fille spirituelle. Lady Gaga et Boy George. La boucle est bouclée.


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  • [ # ] Boy George got fat
    July 7th, 2010 under Boy George

     

     





    Bauer-Griffin Online
    I haven’t seen Boy George in a while and boy has the Culture Club singer put on a few pounds. Maybe the next time he sits down to eat he needs to Move Away from all that bad food then ask the meal Do You Really Want to Hurt Me and finally tell those extra calories to Miss Me Blind? He seriously needs to go to the gym and tell the personal trainer that I’ll Tumble 4 Ya. So hopefully by the next time we see the Fat Cat, he will Karma Chameleon into a man with a few less pounds on him.
    BTW I posted that last picture in case you didn’t that that Church of the Poison Mind belonged to him because who else would get that tattoo on the back of their head. Most people would go through a Crying Game if the got inked there. http://seriouslyomg.com/?p=14215

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